Yves Dutercq a passé toute sa scolarité au lycée Janson, de 1966 en classe de 6ème à 1974, année de son hypokhâgne. Yves a eu une très brillante carrière professionnelle commencée simplement, si j’ose dire, suite à l’obtention de son CAPES en 1976, comme professeur de lettres classiques au collège d’Arnouville-les-Gonesses. Il se consacre à la réussite de ses élèves dans ce milieu peu favorisé et se passionne pour l’observation « entomologique » du milieu de l’éducation et de la vie au collège.
C’est ce vécu qui va forger l‘éclosion de sa carrière universitaire débutée en 1990 par sa thèse en Sociologie de l’Education : « Un collège ordinaire : interactions sociales parmi les enseignants et fonctionnement de l'établissement scolaire ».
Ce travail lui ouvre les portes de l’Institut national de la Recherche pédagogique (INRP) où il devient Maître de conférences en 1993. Son premier ouvrage « L'Evaluation des politiques territoriales d'éducation : entre le pilotage national et la satisfaction des usagers - rapport au Commissariat général du plan » date de cette année-là et montre immédiatement le souci qui ne l’a jamais quitté de mettre ses connaissances précieuses au service de l’intérêt général.
Yves Dutercq est nommé professeur à l’Université de Nantes en 2002, année où il publie « Comment peut-on administrer l'école ? Pour une approche politique de l'administration de l'éducation ».
Il intègre alors le CREN (Centre de Recherche sur l’Education de Nantes) qu’il co-dirigera à partir de 2010.
Il était un des meilleurs spécialistes français de la sociologie de l'éducation.
J'ai eu l'immense plaisir de faire la connaissance d’Yves en 1968, dans la classe de 4ème de Monsieur Raiffaut. Nous ne sommes plus quittés.
Si je n’en dis pas plus sur sa carrière, ses ouvrages et les rôles importants qu’il a pu jouer dans l’établissement de politiques nationales de l’éducation, c’est d’une part parce que je ne suis pas du tout spécialiste de ce domaine mais aussi parce qu’Yves avec sa modestie chevillée au corps m’en parlait très peu. Je voudrais plutôt évoquer ici ses qualités humaines.
Yves était un homme droit et bienveillant, soucieux des autres et entièrement tourné vers eux, d'une grande générosité et ouverture d'esprit. Sa culture était immense, alimentée en particulier par son appétit pour le cinéma et la musique. Ses trois filles étaient le soleil de sa vie et il se réjouissait beaucoup à l’idée bientôt grand-père. C’était aussi un excellent fils (unique) : il a passé beaucoup de son temps libre à s’occuper de son père, malade au long cours, durant toute sa vie d’adulte et plus récemment de sa mère. C’était aussi un homme engagé qui ressentait profondément les injustices qu’il voyait autour de lui. C’était surtout un ami incomparable qui a su comme un jardinier attentionné entretenir notre amitié pendant plus de 50 ans sans que jamais elle ne s’étiole.
Nous évoquions souvent, et toujours avec beaucoup de plaisir, nos années jansoniennes. Nous n'arrêtions que sous la pression amicale de nos compagnes qui n'avaient pas eu la chance de vivre toutes ces aventures. Le moment de bravoure était la récitation de « Perrette et le pot au lait » où Monsieur Raiffaut dessinait au tableau Perrette en train de faire le poirier dès qu’un élève ne marquait pas suffisamment la césure entre « Perrette » et « sur sa tête ..» déclenchait chez nous, encore 50 ans après, des fous-rires difficiles à interrompre.
Je ne sais pas si ces souvenirs sont restés si vivaces dans nos esprits à cause de notre amitié ou bien si notre amitié est restée si constante à cause de ces souvenirs.
Ne plus pouvoir en rire avec toi, Yves, crée déjà un grand vide.
Yves, laisse-moi te dire combien ta famille, tes proches et tes amis peuvent être fiers de toi ! De là où tu es, ton sourire bienveillant nous accompagne !
Parmi les très nombreux témoignages qui ont suivi la disparition d’Yves Dutercq, celui de l'ancienne ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem : « Tristesse infinie. Yves Dutercq avait tant fait, notamment pour éclairer et amplifier la lutte contre le décrochage scolaire. Cela avait été un bonheur pour nous de compter sur son expertise et son dévouement ».
Beaucoup d’autres hommages ont été rendus à Yves Dutercq du fait de la valeur et de la diversité de sa recherche et de son engagement.
Ils sont réunis ici : http://guwormse.web.cern.ch/guwormse/Liens_Yves.pdf
Guy Wormser
Directeur de Recherche au CNRS
Elève à Janson de 1966 à 1970
Année 1968-1969, classe de 4ème. Au centre, Monsieur Raiffaut, professeur de Français-Latin-Grec.
Année 1969-1970, classe de 3ème. Au centre, Monsieur Daudat, également professeur de Français-Latin-Grec !
L’Association amicale des anciens élèves du lycée Janson-de-Sailly, Les Jansoniens (AEJS), existe depuis 1891, sept ans après l’ouverture du lycée. Fidèle à la tradition de Janson qui a toujours cultivé l’excellence, le pluralisme, et porté haut les valeurs de la République, solidement ancrée dans les réalités du monde contemporain, Les Jansoniens sont délibérément tournés vers l’avenir, vers celles et ceux qui fréquentent aujourd'hui l'établissement, qui se préparent à animer, vivre et piloter le monde de demain. Les Jansoniens n'oublient pas pour autant celles et ceux "qui sont passés par Janson", ravis de retrouver avec Les Jansoniens des amis, un climat, une ouverture et une communauté d'esprit qui ont marqué de leur empreinte leur personnalité.
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Commémorer, se souvenir revenir chaque année dans la vallée de la Doller, ces mots prennent une tonalité particulière cette année alors que la guerre est aux portes de l’Europe depuis bientôt deux ans et que le Moyen-Orient s’enflamme à nouveau.
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