Septembre 2004
1984-2004, deux anniversaires de l’inauguration du lycée, deux plaquettes parues ou rééditées : la première plaquette est plus littéraire (avec les contributions de huit académiciens), la seconde est plus axée sur les préoccupations actuelles à l’intérieur et l’extérieur de l’établissement. Audelà de ces différences rédactionnelles, nous avons voulu savoir ce qui avait changé en vingt ans dans la nouvelle cité scolaire. Pour cela, Anny Forestier, proviseur depuis 2002, Marc Sautel, intendant depuis 2001, et Patrick Gérard, conseiller principal d’éducation depuis 1991, ont bien voulu apporter leur contribution. 1984, année du centenaire, avait été marqué par un programme de célébrations de très grande dimension impliquant plusieurs dizaines d’acteurs. En vingt ans, d’autres événements comparables ont-ils suivi ?
Le lycée a privilégié le souvenir, un de nos biens le plus précieux, en marquant notamment les 50e (en présence du président Mitterrand) et 60e anniversaires de la disparition tragique de notre ancien élève et résistant Pierre Brossolette, en commémorant chaque année la participation courageuse de lycéens à la manifestation du 11 novembre 1940 contre l’occupant, de même que leur engagement de 1944 dans le bataillon Janson-de- Sailly très touché pendant la campagne d’Alsace. Trois déplacements ont été organisés à Auschwitz ; celui de 2004 regroupait 60 élèves et autant de parents ;
Pourquoi célébrer les 120 ans du lycée ?
C’est l’occasion forte d’illustrer les changements de société dont Janson est le reflet, de souligner la cohésion des nouvelles structures de concertation et de participation mises progressivement en place et les efforts financiers de tous (État, région, département, arrondissement) soit environ 3 millions d’euros par an (hors salaires), grâce auxquels fonctionne cette « entreprise » de 3 760 personnes (élèves et personnels). C’est aussi la possibilité de resituer Janson dans l’histoire prestigieuse qui est la sienne et de permettre aux anciens – des plus illustres aux plus anonymes – de rencontrer les élèves actuels.
Comment se passe cette coopération avec l’extérieur ?
Nous nous félicitons de la qualité de notre relation avec la région et la mairie du XVIe arrondissement, celle avec le département peut devenir encore plus efficace.
En vingt ans, l’organisation interne s’est-elle modifiée ?
Elle est devenue plus complexe. Partir de dispositifs d’information, de consultation, d’élections au niveau des élèves, des parents et des personnels pour aboutir au conseil d’administration est un processus multiple. Au moins la gestion financière, administrative et pédagogique est-elle assurée par une large représentativité. J’ajoute à ce propos que j’ai souhaité que le président des anciens élèves retrouve un siège au conseil d’administration garantissant la contribution active de son association à la vie du lycée. Celle-ci se manifeste déjà au sein du comité pour la célébration des 120 ans, qui se déroulera début octobre 2004.
Janson est aussi une « grande entreprise »
Une rencontre avec l’intendant Marc Sautel est l’occasion de prendre la mesure du patrimoine et de l’activité économique que représente le lycée. Si celui-ci a « perdu » 1 500 élèves depuis 40 ans, avec ses 91 classes et 3 160 inscrits, il a pour 2003-2004 le plus gros budget de Paris, le plus gros collège, la plus grande préparatoire d’Île-de-France. Pour cette dernière spécialité, Janson a une importante capacité hôtelière puisqu’il héberge 170 internes dans 85 chambres ; les demandes portent sur 200 chambres pour ceux venus de toute région et de plusieurs pays afin de préparer les concours dans de bonnes conditions. C’est aussi une grande entreprise de restauration avec 1 420 demi-pensionnaires prenant un repas journalier (les aménagements en 1999-2002 ont représenté 6 millions d’euros). Ne sont pas recensés les élèves et les enseignants profitant des nouvelles installations offertes en permanence depuis deux ans sous forme de foyer, distributeurs automatiques, téléviseurs, salles de lecture…
Les 600 micro-ordinateurs en service sont renouvelés tous les trois ou quatre ans et achetés sur subvention directe de la Région ou sur le budget du lycée.
D’autres investissements programmés jusqu’en 2008 (évalués à 25 millions d’euros jusqu’en 2005) concerneront les salles de langues, la restructuration du pôle scientifique, les gros travaux de réfection. Les besoins sont en effet importants (électricité, peintures…) car, malgré les nombreuses actions déjà entreprises les années précédentes, Janson subit des retards, alors que le département a déjà rénové les autres lycées parisiens. Quelques dégradations par des élèves du collège sont aussi à déplorer. Le fonctionnement au quotidien est en grande partie externalisé : la mairie gère l’immense chaufferie complètement refaite par le biais de la Compagnie parisienne de chauffage urbain, Elior assure les bases de la restauration collective, extincteurs et alarmes sont suivis par des sociétés spécialisées. Bien sûr, des adaptations à ces changements accélérés sont indispensables : la gestion de personnels est rendue difficile du fait de l’éloignement de leur domicile, leur statut souvent inadapté et les obligations d’entretien très rapide des locaux. M. Sautel reste confiant et fier d’être un fournisseur de services, certains étant du reste facturés pour assurer des recettes annuelles à Janson de près de 300 000 euros !
Du surgé au CPE
Sous ce titre presque énigmatique se cache une mutation importante dans les fonctions administratives du lycée intervenue depuis 1971 et qui s’est poursuivie sur plusieurs années. Ainsi que l’explique Patrick Gérard, en charge des élèves de seconde, première et terminale, le surveillant général connu (et redouté !) des générations plus anciennes est devenu le conseiller principal d’éducation (CPE). En laissant aux enseignants leur vocation par définition pédagogique et par sa présence en permanence au milieu des élèves, il doit les convaincre de l’importance de l’assiduité, de leur autonomie pour choisir leur avenir et de la nécessité de vivre ensemble Évidemment la gestion et la sanction des absences n’ont pas disparu, la nouveauté à Janson (en 1992, puis en 2003) est que leur contrôle s’appuie sur un logiciel.
Plus important est le rôle multiple que l’Éducation nationale a donné aux CPE à travers différents textes pour en faire les interlocuteurs des élèves et des responsables de l’établissement : sans entrer dans le détail de leur composition et fonctionnement, le conseil d’administration du lycée, ceux de l’association socio-éducative (fondée en 1989) et de la vie lycéenne font l’objet d’élections de délégués et de réunions préparatoires à organiser fréquemment, le but étant l’apprentissage de la démocratie pratique. Un élève de terminale a aussi rejoint le conseil des anciens élèves pour resserrer enfin les liens entre diverses catégories d’âge. Toutes ces avancées ne marchent pas par automatisme : un CPE doit suivre personnellement 600 élèves avec leur renouvellement annuel et la menace de perte de repères citoyens, la banalisation de la violence ou de rivalités qui doivent être quotidiennement combattues, même si les élèves plus difficiles sont autour d’une cinquantaine. Une fonction nouvelle a prouvé son efficacité.
Que peut-on dire des résultats du bac et de l’admission aux grandes écoles ?
Pour le baccalauréat, on sait que le classement parisien des établissements révèle des écarts souvent infimes dans les résultats : depuis 10 ans, Janson oscille entre 86 et 94 %. Pour les grandes écoles, nous intégrons chaque année un bon contingent à l’X, Centrales, Mines-Ponts, l’Agro, les grandes écoles de commerce, les ENS, Sciences Po ; Il est à noter que la quasi-totalité des étudiants de CPGE scientifiques ont une intégration à l’issue des deux ou trois ans d’études.
Vous occupez depuis plus de vingt ans des postes de responsabilité dans des établissements scolaires de la région parisienne. Quels changements avez-vous constaté, en particulier depuis votre présence à Janson ?
Je remarque une certaine désaffection pour les enseignements scientifiques, sensible au moment du passage de la terminale à la classe préparatoire, et un intérêt accru pour la formation commerciale supérieure. Nous luttons contre cette tendance, en particulier en direction des jeunes filles.
Pour les enseignants, hors classes préparatoires, face à une jeunesse très informée et exigeante, je conseille un plus grand nombre de déplacements et de séjours formateurs en France et à l’étranger.
Les parents participent de manière constructive à l’ensemble de nos conseils. Néanmoins, la « judiciarisation » de la société nous touche également : en matière de interventions juridiques qui, si elles prennent une part trop importante, risquent de nuire au caractère nécessairement consensuel de nos décisions ou d’intervenir malencontreusement dans un processus éducatif.
Chez les élèves, seules quelques classes d’âge peuvent présenter des difficultés à travailler efficacement. La cause en est la trop grande dépendance actuelle à la surmédiatisation, au surinvestissement de l’image personnelle, aux marques commerciales assénées…, parfois accentuée par une ambiance familiale ou une éducation à l’étranger différentes. On peut déplorer en cours d’études au collège et au lycée la perte du sens de l’effort et de la valeur du travail mais les clichés concernant Janson en particulier n’ont plus de raison d’être. La situation est celle de beaucoup de lycées parisiens.
Précisément, avez-vous déjà votre définition de l’« esprit Janson » ?
C’est plutôt la volonté d’oeuvrer pour que notre lycée continue de fonctionner comme le gestionnaire de projets, représentatifs d’univers humains, sociaux, économiques, culturels… complémentaires avec le souci constant de l’élève dont nous avons tous la charge. Je me dois d’ajouter que le poids des CPGE (30 classes) donne à l’ensemble de la cité scolaire un souffle perceptible. On sent que le potentiel d’intelligence est important et l’on se sent bien là.
Un regret ?
Non, peut-être parfois un manque de temps pour ma vie privée et d’éventuels loisirs.
L’Association amicale des anciens élèves du lycée Janson-de-Sailly, Les Jansoniens (AEJS), existe depuis 1891, sept ans après l’ouverture du lycée. Fidèle à la tradition de Janson qui a toujours cultivé l’excellence, le pluralisme, et porté haut les valeurs de la République, solidement ancrée dans les réalités du monde contemporain, Les Jansoniens sont délibérément tournés vers l’avenir, vers celles et ceux qui fréquentent aujourd'hui l'établissement, qui se préparent à animer, vivre et piloter le monde de demain. Les Jansoniens n'oublient pas pour autant celles et ceux "qui sont passés par Janson", ravis de retrouver avec Les Jansoniens des amis, un climat, une ouverture et une communauté d'esprit qui ont marqué de leur empreinte leur personnalité.
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Commémorer, se souvenir revenir chaque année dans la vallée de la Doller, ces mots prennent une tonalité particulière cette année alors que la guerre est aux portes de l’Europe depuis bientôt deux ans et que le Moyen-Orient s’enflamme à nouveau.
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