Q : A 70 ans, vous écrivez … enfin dirais-je votre premier livre. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour sortir de votre pudique réserve ?
Vincent Debré : J’ai eu une vie personnelle qui m’appartient et dont je n’aime pas parler. J’ai aussi volontairement mené une vie professionnelle discrète, qui m’a conduit après ma sortie d’Hec (et auparavant des études secondaires à Janson) à une longue carrière dans la banque, la finance et l’édition (NDLR : de la direction des constructions métalliques de la société Gobert, à la société européenne de développement des entreprises, des jeux Nathan ou de la gérance du fond d’investissement VDI).
Mais grâce à ma famille, mes grands parents, Robert Debré (NDLR : père de la pédiatrie moderne française) et Charles Lemaresquier (NDLR : architecte prestigieux) et bien sûr mon père Michel Debré, premier ministre du Général de Gaulle de 1959 à 1962 j’ai eu la chance de rencontrer des hommes extraordinaires: M. et Madame de Gaulle en public et dans l’intimité, beaucoup de politiques, Georges Pompidou, Edgar Faure, Patrick Frey, Jacques Foccart, Jacques Chaban Delmas, John et Jackie Kennedy, des entrepreneurs, Michel Bolloré, Jean Prouvost, Marcel Bleustein Blanchet, Claude Terrail, Jean de Beaumont, mais aussi André Malraux ou l’acteur Clift Montgomery croisé dans un avion pour Madagascar ou d’extravagants aristocrates comme le baron Alexis de Rédé, Jean de Castellane, Louis de la Panouse...
J’ai longtemps mémorisé tous ces moments forts. Et puis il y a un an, j’ai commencé à rassembler, classer et organiser toutes ces souvenirs et encouragé par mes proches, je me suis dit que ce serait peut être intéressant de les partager avec tous ceux qui s’y intéressent.
Ainsi est donc né ce livre qu’ont bien voulu publier les éditions Michalon.
Q : Votre livre riche en anecdotes sur ce qu’on appellerait aujourd’hui « les pipoles » est aussi un formidable témoignage sur les impressionnantes transformations qu’a connu la société française au cours des cinquante dernières années. Il y a la vie quotidienne bien sûr qui change énormément : l’eau courante qui se généralise dans les maisons, la télévision qui rentre dans les foyers, les allées cavalières et les magasins de charbon qui peu à peu disparaissent des villes. Mais votre recueil est aussi un émouvant récit sur une génération qui passait directement de l’enfance à l’âge adulte, sans passer par la case adolescence, aujourd’hui sacralisée, encensée ou diabolisée selon les postures.
Vincent Debré : C’est vrai, dans les années 60, le statut d’adolescent n’existait pas vraiment. A 16 ans, on vous disait « tu es un homme maintenant », on quittait les culottes courtes, on mettait un pantalon de flanelle grise et… on devenait un adulte. Les études étaient très classiques. On allait peu au cinéma, les films qui nous intéressaient étaient tous interdits au moins de 18 ans.
C’est en trichant que j’ai pu aller voir Jean Gabin dans « Touchez pas au grisbi » et acheter l’air du film que j’écoutais sur mon premier tourne disque Teppaz. Néanmoins il y avait les premières surprises parties ainsi nommées, parce qu’improvisées. On profitait de l’absence des parents pour les organiser. Les élèves de Janson de Sailly se réunissaient chaussée de la Muette où l’on retrouvait ceux de Gerson et surtout les filles du lycée La Fontaine ou de Sainte Marie.
Q : Avec le recul, pensez vous que la vie des jeunes gens de votre époque même s’ils n’avaient pas visiblement la reconnaissance d’un statut d’adolescent était tout de même plus facile?
Vincent Debré : Non je ne crois pas. Les gens de ma génération ont connu la guerre 1939-45 dans leur petite enfance, avec son lot de privations, de deuils et de traumatismes, puis plus tard les secousses et les drames de la décolonisation dans les années 50. Chaque génération connaît ses propres difficultés, ses propres défis.
Si j’avais un seul mot à dire aux jeunes gens d’aujourd’hui, qui doivent affronter j’en suis conscient une crise économique terrible, le chômage, les problèmes du sida … quelles que soient les difficultés, il faut toujours essayer d’entreprendre. C’est la beauté de la vie.
Propos recueillis par Béatrice Peyrani
"Petits souvenirs d'une grande histoire", aux Editions Michalon
Sorti en librairie le 19 mars 2009
L’Association amicale des anciens élèves du lycée Janson-de-Sailly, Les Jansoniens (AEJS), existe depuis 1891, sept ans après l’ouverture du lycée. Fidèle à la tradition de Janson qui a toujours cultivé l’excellence, le pluralisme, et porté haut les valeurs de la République, solidement ancrée dans les réalités du monde contemporain, Les Jansoniens sont délibérément tournés vers l’avenir, vers celles et ceux qui fréquentent aujourd'hui l'établissement, qui se préparent à animer, vivre et piloter le monde de demain. Les Jansoniens n'oublient pas pour autant celles et ceux "qui sont passés par Janson", ravis de retrouver avec Les Jansoniens des amis, un climat, une ouverture et une communauté d'esprit qui ont marqué de leur empreinte leur personnalité.
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Commémorer, se souvenir revenir chaque année dans la vallée de la Doller, ces mots prennent une tonalité particulière cette année alors que la guerre est aux portes de l’Europe depuis bientôt deux ans et que le Moyen-Orient s’enflamme à nouveau.
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